Allemagne, fin de la seconde guerre mondiale. Un très jeune soldat, gravement blessé, est déposé dans un hôpital de fortune pour être soigné. A l’intérieur du bâtiment, des représentations de héros mythologiques et historiques qui se sont sacrifiés pour leur patrie. Quel est ce lieu, à la fois familier et étranger ?
Au cours d’un monologue intérieur qui accompagne le soldat de l’ambulance à la salle d’opération, les souvenirs et les émotions refont surface et brisent ainsi le déni dans lequel il c’est enfermé. Enfant transformé de force en soldat, il redeviendra l’enfant qu’il n’aurait jamais dû cesser être.
Le spectacle est à la croisée des chemins entre théâtre, cirque et performance plastique.
Photos Loran Perrin
Heinrich Böll est peu connu en France mais est un monument de la littérature en Allemagne. Il a fait partie du courant littéraire « Trümmerliteratur » (littérature des cendres) courant qui est apparu après l’effondrement du IIIème Reich. Une des thématiques récurrentes de ce courant est le destin d’être isolés et errants, qui font face aux ruines de leur partie, mais aussi de leurs idéaux et qui n’ont pas d’autre choix que de l’accepter. La question de la responsabilité collective de la guerre est mise au premier plan, au même titre que la question de la reconstruction collective mais aussi individuelle après une telle horreur.
Sur scène, un corps / une âme en apesanteur dans un espace blanc, le déni ? la mort ? l’endoctrinement ? Progressivement, les souvenirs et les émotions vont venir façonner cet espace de couleurs : sang, terre, excréments, blessures… La nouvelle se termine sur l’image d’un enfant épuisé, mutilé, mais qui a retrouvé le chemin vers sa propre humanité. Fabian Chappuis
Heinrich Böll
Heinrich Böll est né en 1917 à Cologne. Il entame sa carrière littéraire après la Seconde Guerre mondiale. On lui doit notamment Le Train était à l'heure (1949), Portrait de groupe avec dame (considéré comme son chef-d’œuvre, 1971) et L'Honneur perdu de Katharina Blum (1974). En 1972, on lui décerne le prix Nobel pour sa contribution au renouveau de la littérature allemande. A travers ses livres, Böll trace un portrait de l'Allemagne moderne, n'hésitant pas à montrer l'absurdité de la guerre et la déshumanisation de l'individu. Catholique non conformiste, Heinrich Böll intervient souvent publiquement pour défendre les droits de l'homme et la cause de la paix. Il est mort en 1985.
Distribution
avec Benjamin Wangermée
Production Compagnie Eulalie
Co-production Compagnie Orten
Résidences de création Maison du Conte de Chevilly Larue, Théâtre d’Auxerre et Théâtre 13
durée 30 minutes - tout public à partir de 14 ans
Équipe artistique
Traduction André Starcky
Mise en scène et scénographie Fabian Chappuis
Conception agrès Alice Delva
Lumières Quentin Defalt
Musique Camille Timmermann
L'Arche est l’agent théâtral du texte représenté.
Présenté dans le cadre du projet collectif Kaïros ou les destins personnels
Revue de presse
Très impressionnant Benjamin Wangermée dans une adaptation d’un texte d’Heinrich Böll : Voyageur, si tu arrives à Sparte. Un homme en suspension, en quelque sorte, un homme entre terre et envol, entre vie et mort. Un soldat blessé qui est évacué vers un hôpital et va être opéré. On écoute, happé, son monologue, son monologue intérieur d’homme très jeune dont la conscience n’est plus tout à fait claire et qui, pourtant, va faire un chemin. Une scénographie du metteur en scène, Fabian Chappuis, épaulé par Alice Delva qui a mis au point le système de suspension et les mouvements.
La maîtrise du prix Nobel, son obsession de la guerre, prend ici toute sa force. Fin de la dernière guerre, mais universalité de l’atroce tourmente, de l’épouvantable torture de la destruction obligée.
Armelle Héliot – Le Journal d’Armelle Héliot
Quelques dates
30 mars - 11 avril 2021 : Création Théâtre 13 / Paris
18 - 30 janvier 2022 : reprise Théâtre 13 / Paris