Marie Stuart

texte Friedrich Schiller
Création 2008 / Théâtre 13

Marie Stuart est une épopée haletante et passionnante que Schiller a écrite à partir du conflit qui opposa pendant 20 ans Elisabeth 1ère d’Angleterre à Marie Stuart. Plus qu’une reconstitution historique, le spectacle est une fable universelle qui met à nu les mécanismes du pouvoir et le conflit entre l’intime et le public.

Photo Bastien Capela

Résumé

Deux reines héritières d’un même trône, l’une par le sang, l’autre par testament. L’une est une fervente catholique, l’autre instaure le protestantisme en Angleterre. L’une se revendique de droit divin, l’autre se place au service de son peuple et de son royaume. L’une suscite passions et fascinations, l’autre, redoutée et autoritaire, a renoncé à sa vie de femme pour gouverner aussi librement qu’un homme.

Deux souveraines cousines, celle d’Ecosse – Marie Stuart – et celle d’Angleterre – Elisabeth 1ère -, deux femmes au tournant de l’histoire, symbolisant chacune les extrêmes de l’Europe du 16ème siècle en pleine guerre de religion.
A partir du conflit de ces deux femmes, Schiller écrit une épopée qui place l’humain au cœur des enjeux politiques. Il montre le conflit entre l’intime et le public, dénonce les manipulations, condamne le fanatisme religieux…

Ce texte magnifique et violent est de toute évidence d’une actualité déroutante. C’est pourquoi la mise en scène est plus proche de la fable universelle que de la reconstitution historique. Elle privilégie l’action et le rythme et met en avant cette humanité des personnages qui distille de l’espoir tout au long de la pièce et qui ouvre tous les possibles.

Note d'intention

Le texte

Il a longtemps été attribué à Schiller d’avoir été l’un des premiers grands auteurs à participer à la construction de la légende de Marie Stuart et de faire évoluer le personnage historique vers un mythe.  Bon nombre d’œuvres ont été écrites sur la reine d’écosse, chaque auteur revendiquant une totale impartialité en assurant au lecteur d’être le seul à décrire le plus justement possible Marie Stuart. Exercice bien difficile, quand on sait que c’est surtout le mythe de la reine d’écosse qui a inspiré tant d’ouvrages. Marie Stuart a eu un rôle historique et politique très limité, elle n’a rien laissé derrière elle que sa légende, légende dont elle a été la première instigatrice. Elle a littéralement mis en scène son exécution, pour mourir en reine martyre, faisant d’elle une Sainte et construisant ainsi une vengeance post-mortem  vis-à-vis d’Elisabeth 1ère.

Schiller a recentré son drame sur la fin de la vie de Marie Stuart. Il débute juste après sa condamnation à mort par la chambre des Lords et se termine juste avant son exécution. Entre ses deux points, c’est toute la vie de la Reine d’écosse qui est évoquée, mais surtout dans son conflit humain, religieux et politique avec Elisabeth 1ère.

Si Schiller prend des libertés par rapport aux faits historiques, jamais il ne les dénature. Si les événements ont été adaptés aux nécessités de la théâtralisation de cette page de l’histoire, ils sont toujours fidèles à ce qu’ils ont représenté historiquement. Les deux reines ne se sont jamais vues, mais Schiller les fait se rencontrer. Et cette scène reprend le contenu de l’important échange épistolaire que les deux femmes ont entretenu tout au long de leur vie.

Schiller ne détaille pas non plus tous les faits historiques de cette période, mais il nourrit ses personnages de traits de caractères qui sont la conséquence de leur vécu et du rôle historique qu’ils ont joué. Elisabeth et Leicester ont longtemps été soupçonnés d’avoir entretenu une relation amoureuse en début de règne. Schiller conserve cet élément historique en marquant leur relation d’une réelle tendresse. Il procède de même pour tous les personnages.

Plus qu’une biographie, Schiller écrit une fable politique. Il met à nu les mécanismes du pouvoir de son époque. Il montre le conflit entre les forces et failles intimes et l’exercice du pouvoir, et comment intérêts privé et public tentent difficilement de cohabiter.

Marie Stuart de Schiller est une œuvre exemplaire et universelle permettant à chacun de décrypter les mécanismes du pouvoir. C’est une fable politique qui n’a rien perdu de sa pertinence.

Un auteur classique majeur
Schiller est l’un des auteurs classiques majeur en Allemagne avec un statut très proche de celui de Goethe, dont il a été très proche humainement et artistiquement. Il fonde avec lui le Weimar Theater qui se place très vite à la pointe de la scène théâtrale allemande, permettant une renaissance du genre dramatique. Les problèmes que traite l'œuvre de Schiller, qu'ils soient politiques, éthiques ou tout simplement esthétiques, ont contribué de façon majeure à l'avancée des idées à la fin du XVIIIème siècle. Plus encore que Goethe, il a influencé le romantisme allemand.

Son théâtre est animé d'un souffle puissant, peuplé de personnages de grand format, de présences inoubliables : Guillaume Tell, le roi Philippe II dans Don Carlos, Marie Stuart et Elisabeth 1ère et tant d'autres. Il excelle dans la peinture des tempéraments virils et tourmentés.

En France, mis à part sa pièce Les Brigands qui est quelque fois représentée, il est surtout connu pour les adaptations de ses oeuvres en opéra. On lui doit notamment Don Carlos de Verdi, Guillaume Tell de Rossini ou l’Hymne à la joie de Beethoven.

Il est à noter qu’en 1792, la France de la Révolution lui a donné la citoyenneté française, suite à ses nombreux écrits contre les tyrans !

 

La traduction et l’adaptation

Pour écrire l’adaptation de Marie Stuart, j’ai choisi une traduction quasi-contemporaine à Schiller, qui a mon sens est la plus proche du texte original. Il ne s’agit pas d’une récriture du chef d’œuvre, mais d’une traduction très fidèle au texte allemand et qui privilégie surtout l’action. Ce texte magnifique et violent m’a paru d’une limpidité et d’une efficacité redoutable. Le dernier acte, surtout recentré sur les derniers instants de la Reine d’écosse, est peut-être celui qui a le moins bien survécu au temps. Véritable quête de paix de la reine, il correspond à un long processus ou Schiller fait évoluer le personnage de Marie Stuart vers une figure universelle et religieuse. J’ai préféré situer cette quête de paix à un niveau humain et intime. 

Initialement écrite pour plus de vingt personnages, l’adaptation privilégie les huit personnages principaux – Elisabeth 1ère et ses plus proches conseillers, Marie Stuart, sa suivante et son geôlier - pour être au plus proche de l’action dramatique. La psychologie et l’émotion sont introduites par le jeu des comédiens. Certains personnages, cyniques ou grotesques, seront l’occasion de moments plus légers.

La mise en scène

La pièce se déroule successivement dans la cellule de Marie Stuart, dans le parc attenant à la prison, et dans les salles du Palais de Westminster. J’ai préféré créer sur scène un espace ouvert, sculpté par la lumière et la vidéo. Les comédiens portent de longues robes noires, seules les deux reines portent des couleurs. 

 

Sur le plateau, les comédiens sont présents pendant toute la durée du spectacle. Ils sont les spectateurs d’une tragédie dont leurs personnages sont les auteurs. Chacun va à son tour se préparer à vue et entrer dans l’espace de jeu pour devenir personnage, qui a décidé d’ignorer ou d’assumer ce à quoi il a été témoin. Mais au fur et à mesure de l’action, la frontière entre le comédien et le personnage se fera de plus en plus fine, et c’est la frontière entre l’individu et l’animal politique qui s’estompera de plus en plus. 

Ce qui m’a touché dans la pièce de Schiller, c’est que chaque personnage politique est le résultat d’un parcours humain et que les actes et décisions sont le résultat d’un conflit entre l’individu et la raison d’état. Et c’est cette humanité contrariée qui distille de l’espoir tout au long de la pièce et ouvre tous les possibles, malgré une fin prévisible.

Ce qui aurait pu être une tragédie à l’issue fatale devient une épopée humaine aux ressorts dramatiques surprenants avec une intrigue qui tient en haleine.

La mise en scène privilégie donc l’action et le rythme, tout en gardant des moments de respiration pour permettre à l’émotion d’exister pleinement.

 

Il n’y a pas de machine du pouvoir, mais des femmes et des hommes qui tentent d’accompagner le développement d’un pays et d’un peuple, avec leurs convictions, leurs hésitations, leurs actes courageux ou lâches, leurs visions, leurs espoirs, leurs désirs de grandeur, leurs illusions… En choisissant de monter Marie Stuart, c’est cette humanité que je veux mettre en scène. 

Fabian Chappuis

Bande annonce vidéo

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Réalisation Visioscène

Distribution

Jean-Patrick Gauthier Amias Paulet

Pascal Ivancic Le comte Aubépine

Philippe Ivancic ou Vincent Viotti Le comte Bellièvre

Stéphanie Labbé ou Elisabeth Ventura Anna Kennedy

Jean-Christophe Laurier Mortimer
Aurélien Osinski ou Eric Wolfer George Talbot

Benjamin Peñamaria Robert Dudley, Comte de Leicester
Sébastien Rajon ou Philipp Weissert Wilhelm Cecil

Isabelle Siou Marie Stuart

Marie-Céline Tuvache Élisabeth


Production Compagnie Orten, avec le soutien de ID Production, de l’Adami, de la Ville de Paris du Théâtre 13, et de l’AASCSP.

Equipe de création

Traduction M. de Latouche
Adaptation, mise en scène, scénographie Fabian Chappuis
Assistant mise en scène Damien Bricoteaux
Lumières Florent Barnaud
Vidéo Bastien Capela
Costumes Alice Bedigis et Bertille Verlaine
Menuisiers Etienne Pinsky et Vincent Obadia
Musique Henry Purcell
Univers sonore Pierre Husson
Chargée de production et diffusion Isabelle Decroix
Administrateur François Nouel

Adaptation éditée aux Editions Les Cygnes – collection Les Inédits du Théâtre 13.

Extraits de la revue de presse

La mise en scène et l’interprétation inspirées restituent la cruelle intensité de cette fable sur le pouvoir, dans toute sa violence, dans toute sa vérité. Télérama

 

Avec une sobriété de jeu et une économie de moyens peu communes, sans décors ni artifices, 10 jeunes acteurs dirigés avec beaucoup de rigueur, c’est à dire une fidélité scrupuleuse à la musique et au sens du texte, représentent la tragique épopée de Marie Stuart. L’émotion passe, authentique. Le Figaro Magazine 

Un exercice d’économie magnifique et une troupe de 10 comédiens qui investit l’arène noire avec autorité et générosité. Deux heures d’apesanteur. A Nous Paris


Un spectacle magnifique. Rarement le Théâtre 13 a été si bien utilisé. Les Lumières sont une merveille et les comédiens très bien. Le Figaroscope

 

Chappuis a réussi un exploit. Sa mise en scène impressionne par sa clarté, le respect absolu de ce texte magnifique, l’inventive austérité des décors et le jeu des comédiens. La Tribune de Genève

 

Un spectacle noir, sublime et rarissime. Tout y est harmonieux de justesse. La mise en scène est épurée, ténébreusement esthétique et belle, elle fait ce que toute mise en scène se devrait de faire : mettre en avant et avec sublimation, le texte et les interprètes. Visioscène

Une très très belle mise en scène de Fabian Chappuis dans un décor tout simple, interprété par deux grandes comédiennes. France Inter

 
Les comédiens portent admirablement le texte, dans une retenue d’une grande intensité, sur un rythme tout uniment soutenu. Un spectacle sans esbroufe qui atteint, par sa rigueur et sa finesse, à une véritable force de frappe émotionnelle et esthétique. Webthea.com
 

Derrière le jeu tout en retenue des comédiens, nous sentons la vie et l’humour bouillonner. Cette mise en scène intelligente, à la beauté hiératique, repose avant tout sur le talent des acteurs et la maîtrise d’un texte qui nous parvient. Un spectacle sobre et majestueux. Le souffleur.net

 

La mise en scène a la puissance du texte du poète allemand : poétique et politique. Avec intelligence et sensibilité, Fabian Chappuis fait honneur à la richesse de la pièce de Schiller. Evene.fr

 

Une mise en scène caractérisée par la finesse psychologique et un troublant chant funèbre. Une vision fulgurante, qui pourrait être un compromis pictural entre la violence martiale d’un David et la sensualité onirique d’un Chassériau. Le Mague

 

Marie Stuart a tenu en haleine un nombreux public, fasciné tout autant par le jeu des acteurs que par la mise en scène. C’est comme si on assistait à la réalisation d’un tableau de maître. Un grand moment ! France-Antilles

Pièce éminemment politique, l’intrigue se noue sans artifice, avec l’intime conviction des acteurs qui confère aux personnages une dimension historique et une dignité authentique. Du beau travail. L’Humanité

 

L’ombre de Vilar. Un grand moment de théâtre magnifié par les hiératiques comédiennes que sont Isabelle Siou et Marie-Céline Tuvache. Au-delà de la force et de la violence du propos, cette Marie Stuart offre le plaisir devenu rare d’une langue riche sans être absconse dont tous les comédiens s’emparent avec un enthousiasme communicatif. La Marseillaise

 

Le In du off. Un spectacle qui mériterait d’être joué dans la cour d’honneur du Palais des Papes. Vaucluse Matin

 

Intense, violent et poignant, brillamment mis en scène. Coup de cœur du off. La Provence

 

Miracle théâtral qui ne doit son éclat qu’au travail magistral de Fabian Chappuis et de ses comédiens. Un spectacle qui laisse les spectateurs, tout comme ces deux reines, écrasés, tremblants et profondément ébranlés. Les trois coups 

Quelques dates

11 mars - 20 avril 2008 : Création au Théâtre 13 / Paris
7-11 octobre 2008 : Théâtre Aimé Césaire / Fort de France
Première tournée octobre 2008 - janvier 2009 :  Haguenau, Luisant, Irigny, Cachan, Nevers, Clichy sous Bois, Saint Raphaël, Carros, Guéret, Bagneux...
8-31 juillet 2009 : Théâtre Notre Dame Lucernaire - Festival Off / Avignon
Deuxième tournée octobre - décembre 2009 : Rueil Malmaison, TOP Boulogne Billancourt, Coursuive - Scène nationale de La Rochelle, Scène Nationale de Cognac...

Troisième tournée octobre 2010 - janvier 2011 : Dax, Ribeauvillé, Biarrtitz, Lattes, Les Lilas, Neuilly sur Seine, Verneuil...
Dernières mai 2011 : Poissy, Deauville

Avril 2014 : Exposition des costumes à la Cité Royale de Loches dans le cadre de l'exposition Costumer l'Histoire