Alger, fin des années noires. Neuf femmes, neuf destins entre rébellion, rêve ou soumission. Mères, amantes ou « saintes », sont réunies au cœur d’un hammam, où le combat contre l’oppression, la violence et la guerre se panse entre fous rires et pleurs, secrets et exaltation.
Photos Bastien Capela
Résumé
Une comédie tragique qui rassemble neuf femmes d’âges et de conditions divers dans un hammam à Alger… Elles sont là pour se laver mais surtout parler, se parler …
Dans l’intimité de cet espace protégé de l’extérieur, les regards et les points de vue se croisent, entre pudeur et hardiesse, dans le dévoilement violent, ironique, drôle et grave des silences refoulés de femmes qui se sont tues trop longtemps.
Peu à peu se révèlent leurs destins particuliers, à travers des histoires qui ont marqué et modelé leur chair, dévoilant progressivement la violence politique, sociale et sexuelle d’une Algérie en proie à la corruption, à la misère, aux attentats et aux combats quotidiens que se livrent les factions gouvernementales et les islamistes en utilisant, la plupart du temps, le corps de la femme comme champ de bataille.
Loin de tout regard accusateur, elles peuvent échanger états d’âme, confidences, rêves, colères, joies, coups bas ou petites mesquineries, elles peuvent parler de morale, de religion, de sexe, de politique…
Un enfant s’apprête à venir au monde et par instinct et nécessité, toutes, d’une manière ou d’une autre se lèveront pour protéger et défendre cet être nouveau, leur espoir et projection dans la vie à venir à l’aube de la fin de l’intégrisme meurtrier.
Note d'intention
Le corps des femmes
Le thème du rapport entre l’intime et le pouvoir est un sujet que j’explore depuis quelques années dans mon travail de metteur en scène. A mon âge, je me cache encore pour fumer pousse la réflexion encore plus loin, où le pouvoir et la violence s’insinuent dans la chair des êtres et ici tout particulièrement des femmes. Le sexe même de la femme devient politique. Il n’est plus question de choix lorsque notre corps même dicte ce que nous sommes socialement, culturellement, religieusement, politiquement, notre rapport aux autres, au pouvoir, et nous relie à notre histoire collective.
A mon âge, je me cache encore pour fumer donne la parole à ces femmes, qui sont exclues parce qu’elles sont femmes. Et pourtant, ce sont elles qui assurent la continuité de la société dans laquelle elles vivent, comme si les hommes étaient en guerre et qu’elles devaient assurer la paix. Leur corps pour subir la guerre et la violence des hommes, leur cœur, leur courage et leur foi pour construire la paix. Comme si le fait de donner la vie faisait d’elles des protectrices instinctives et nécessaires de cette vie.
Le corps des femmes est ce par quoi la violence des hommes arrive. Mais il est aussi le dernier rempart qui protège l’intime. Dans A mon âge, je me cache encore pour fumer, le corps de ces 9 femmes raconte ce qu’elles ont vécu, subi, mais elles semblent humainement et intiment moins abîmées que ce corps qu’elles ont utilisé comme protection. Leur force est restée intacte, leur désir de vie d’une force étonnante. Et la pièce raconte cela. Des femmes libres, fortes, dans un corps qui les a condamnée. Et si le hammam était justement ce lieu où les femmes retrouvaient ce rapport sain, sensuel, généreux avec leur propre corps. Et cette cérémonie de la réconciliation se fait à travers les mains et le corps d’autres femmes.
Une déclaration d’amour à l’Algérie
A mon âge, je me cache encore pour fumer parle aussi de ce lien à la fois magnifique et douloureux que l’on peut entretenir avec la patrie que l’on a été obligé de fuir. Même si des événements récents ont donné toutes les raisons objectives de partir, la patrie reste le lieu de nos origines, de l’histoire dont nous sommes le fruit, de l’histoire de nos parents, de notre enfance. Une patrie qui a été source de souffrance mais que l’on ne peut s’empêcher d’aimer profondément. Une histoire difficile mais qui reste, malgré tout, notre histoire. Si Rayhana condamne certains aspects de l’histoire récente de l’Algérie, le portrait qu’elle fait de ces femmes est pour moi une déclaration d’amour.
L’ombre de la France
La France est omniprésente dans ce portrait contemporain de l’Algérie. Terre d’asile naturelle et historique pour fuir les violences quotidiennes, la France attire pour l’espoir d’un avenir meilleur qu’elle suscite. Mais elle offre aussi un visage plus sombre : celui d’une terre d’accueil qui a échoué dans l’intégration de ses étrangers, terre de souffrances qui engloutit les amants, sépare les familles et transforme les frères en fanatiques. Et ces femmes ont sur ce pays un regard lucide et même temps chargé d’espoir. Et c’est peut-être cela qui caractérise les femmes d’Algérie : une lucidité étonnante sur le monde dans lequel elles vivent et en même temps une foi insolente en l’avenir.
Bien sûr, A mon âge, je me cache encore pour fumer parle de l’Algérie, de l’Islam, du statut des femmes dans certains pays arabes, mais la pièce traite surtout de vie, de solidarité, de la force et de la beauté des femmes.
Entre légèreté et gravité
Pour porter cette histoire, j’ai choisi des comédiennes qui ne sont pas toutes d’origine maghrébine. Bien qu’étroitement lié à l’Algérie, A mon âge, je me cache encore pour fumer est avant tout un portrait universel de femmes et je souhaite conserver cette dimension à travers, entre autre, ce choix de distribution. La direction d’acteur est précise, essentiellement centrée sur le rythme, la vivacité et l’humour avec des ruptures franches pour permettre à l’émotion d’exister pleinement. La gravité cohabite en permanence avec la légèreté, la drôlerie et la générosité de ces femmes et ce passage dynamique de l’un à l’autre donne la note générale du spectacle.
Une chorégraphie des corps
L’espace dans lequel évoluent les comédiennes est un plateau nu traversé par une jetée en mosaïque et ne conserve du hammam que quelques accessoires comme des tabourets et des bassines. La grande salle chaude est marquée par la lumière au sol, dont les couleurs et textures évoluent en même temps que l’action, notamment grâce au travail vidéo de Bastien Capela. Au fond du plateau, un grand cyclo permettra, grâce à la lumière, d’ouvrir l’espace pour la dernière scène. Les costumes sont des pagnes et des robes très légères que les femmes portent dans les hammams.
Fabian Chappuis
Bande annonce vidéo
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Réalisation Greg Germain
Distribution
Marie Augereau ou Julie Kapour Fatima
Géraldine Azouelos ou Myriam Loucif Zaya
Paula Brunet Sancho Madame Mouni
Linda Chaïb ou Elisabeth Ventura Samia
Rébecca Finet Nadia
Catherine Giron Louisa
Maria Laborit Aïcha
Taïdir Ouazine Latifa
Rayhana Myriam
Régie plateau & silhouette Frédéric Meille
voix Benjamin Penamaria et Eric Wolfer
Production Compagnie Orten Coproduction Maison des Métallos et Arcadi Avec l’aide à la création du Centre National du Théâtre, l'aide à la production et à la diffusion du fond SACD, le soutien de l’Adami, de la Mairie de Paris du Théâtre 13 / Paris et de ID Production. Remerciements à l’Association Beaumarchais.
Équipe de création
Adaptation, scénographie et mise en scène Fabian Chappuis
Adapté de Bain Maure de Rayhana
Assistante à la mise en scène Stéphanie Labbé
Lumières Franck Michallet
Vidéo Bastien Capela
Son Vincent Brunier
Musique Arve Henriksen et Gaâda Diwane de Béchar
Costumes Rayhana assistée de Edouard Funck
Conseil chorégraphique Serge Ricci
Administrateur compagnie François Nouel
Diffusion Isabelle Decroix
Presse Isabelle Murarour
Texte édité aux Éditions Les Cygnes.
Extraits de la revue de presse
Rayhana dessine ces 9 portraits avec des traits justes assez appuyés pour dire l’insupportable condition féminine, et la dignité et le courage de celles qui résistent. Pourtant, il ressort des cette pièce une liberté de ton insolente, une énergie vitale presque joyeuse, une rage de vivre qu’il faut entendre au nom de toutes les femmes qui combattent pour défendre leur dignité envers et contre tout. C. Denailles – Webthea.com
Neuf femmes, neuf voix, entre fous rires et larmes, parlent pour briser les murs entre lesquels on veut les cloîtrer. Un humour ravageur et contagieux. Les neuf actrices incarnent savoureusement ces personnages typés, bien trempés, jouent et s’emparent des truculences du texte sans faux-semblants, avec une sincérité qui fait mouche. Rayhana dresse un réquisitoire implacable contre les intégrismes et la lâcheté. La mise en scène de Fabian Chappuis épouse les méandres de ces confidences polyphoniques. Elle parvient à canaliser ce flot de paroles dans une chorégraphie des corps et des voix. M.J Sirach – l’Humanité
Une œuvre coup de poing qui dénonce les violences politiques, sociales et sexuelles. Un texte tout à tour révoltant et hilarant qui célèbre la femme maghrébine. Des femmes si lumineuses et dignes dans leur combat vers la liberté. C. Chaory - Jeune Afrique
L’écriture de Rayhana est truculente, tendre est drôle. Tous ces personnages possèdent une combativité et une force qui pourraient surprendre bien des occidentales « libérées ». Un spectacle tonique et réjouissant. S. Bernard-Guesh – Télérama (TT)
Fabian Chappuis a réalisé un travail pointu, précis et d’une belle finesse. La carte qu’il abat en toute délicatesse et celle d’une judicieuse sobriété. Toutes les comédiennes sont excellentes, Marie Augereau bouleversante. D. Denorme – Pariscope
Toutes les comédiennes font preuve d’un vrai et émouvant talent dans cette pièce à la choralité harmonieuse. A travers des récits poignants ou drôles, toutes parviennent à donner à leur rôle une épaisseur et un intérêt véritables. Le spectacle parvient à équilibrer avec élégance émotion et humour et constitue un bel hommage à l’art d’être femme par temps lourds. C. Robert - La Terrasse
Le hammam devient un lieu sans contours où l’âme est aussi visible que le corps. La fureur et la terreur vous sautent au visage en même temps qu’un amour désespéré. G. Costaz – Politis
Fabian Chappuis souligne délicatement cet inframonde où l’humour le dispute sans cesse à la tragédie. M. Hajoui - A nous Paris (****)
La pièce de Rayhana est drôle, poignante et tendre. Les actrices, toutes formidables, méritent un concert de youyous. J. Nerson - Nouvel Observateur (**)
Il y a un rythme, un sens des dialogues naturels, savoureux, des confidences audacieuses, une liberté de ton. Tout cela fait de ce spectacle un moment fort et original, très courageux, émouvant et drôle. A. Héliot – Le Figaro
Les spectateurs en ressortent tourneboulés, les larmes aux yeux. La force de cette pièce est de transformer du tragique en éclat de rire. D. Arnaud – Libération
Un vrai art du dialogue, de très fortes situations, de très bonnes comédiennes, un excellent spectacle. Le Masque et la plume – France Inter
Un théâtre profondément ancré dans la parole, qui en oscillant entre humour et gravité dessine avec volonté et détermination une féminité aux multiples facettes. C. Châtelet – Théâtre on line.
Un réquisitoire et un chant de résistance. Une véritable mise à nu dans un langage cru et direct. La liberté et l’intelligence de ces femmes, leur apprentissage de l’audace, leurs échanges chaleureux, leur complicité et leur maturité sociale et politique impressionnent. J.C Rongeras – France2.fr
Plaidoirie et témoignage dans cet obscurantisme ambiant, âpre, virulent, corrosif, chargé d’un humour caustique, tonique, décapant avec des moments d’une curieuse poésie. Des comédiennes au-dessus de tout éloge, un mise en scène tout en teintes nuancées. Edgar Davidian - L'Orient Le Jour – Liban
Quelques dates
8 décembre 2009 - 16 janvier 2010 : Création à la Maison des métallos / Paris
7 janvier 2010 : Captation du spectacle pour France Télévision, réalisée par Greg Germain
12 janvier 2010 : agression de Rayhana sur son chemin vers le théâtre. Elle a été aspergée d'essence, mais ses cheveux mouillés ont refusé de s'enflammer. Très grande mobilisation médiatique et politique. Choix des comédiennes de poursuivre les représentations, sous protection policière.
Octobre 2010 : reprise au Théâtre de l'Epée de bois, Théâtre de l'Agora à Evry, Avant Scène de Cognac...
4 - 9 janvier 2011 : Première reprise à la Maison des métallos
Première tournée mars-juin 2011 : Sèvre, Aulnay sous bois, Vésinet, Bagneux, Saint Raphaël, Clichy sous bois, Suresnes...
25-28 mai 2011 : Théâtre des 13 Vents, CDN Languedoc Roussillon
4 juin 2011 : Festival Le Printemps de Beyrouth / Liban
Deuxième tournée novembre - décembre 2011 : Saint Maur, Biarritz, Argenteuil, Sablé sur Sarthe, Théâtre de l'Union / Limoges, Grande Synthe, Carros...
10 janvier - 19 février 2012 : reprise Théâtre 13 / Paris
Troisième tournée mars - novembre 2012 : Orly, Palaiseau, Dreux, Montargis, CDN Orléans, Fête de l'Humanité, Scène Nationale de Bayonne, Dax, Blanquefort...
Quatrième tournée mars 2013 : Festival au Féminin, Vendenheim, Mantes la Jolie, Lisieux, Cormeilles-en-Parisis...
19-30 mars 2014 : Théâtre des Quartiers d'Ivry
9-21 décembre 2014 : Troisième reprise à la Maison des métallos
4-9 juillet 2015 : Collège de la Salle - Festival Off d'Avignon
Cinquième tournée novembre 2016 - janvier 2017 : Lillebone, Draveil, Saumur, Plaisir, Marly le Roi, Le Blanc Mesnil, Montélimar...
4 février 2017 : Festival Oui - Barcelone / Espagne - dernière
26 avril 2017 : Sortie nationale du film A mon âge, je me cache encore pour fumer, réalisé par Rayhana et produit par Michèle et Costa Gavras