Je pense à toi

Texte Frank Smith
Création 2000 - Grenier de Bougival
Re-création 2004 - Théâtre 13

Expérience théâtrale atypique mêlant théâtre, poésie, musique, art vidéo et danse. Invitation à un voyage magnifique et violent à travers le sentiment amoureux.


Photos : Frédéric Jessua et Bastien Capela

Une mise à nu de l'état amoureux.
L’envahissement magnifique et violent de l’autre dans notre quotidien.
Un poème d’amour et un poème de mort.
Une prière jusqu’à l’épuisement.

Objet théâtral atypique, Je pense à toi est à la croisée des chemins entre théâtre, poésie, danse, art vidéo et musique contemporaine. Dans une scénographie essentiellement constituée d’eau, d’ombres, de lumières et d’images, le spectacle est une exploration du sentiment amoureux par tous les sens : l’esprit, la vue, le son, les odeurs… le corps.

Expérience théâtrale et expérience de spectateur, Je pense à toi explore les limites du théâtre pour devenir un espace sensoriel. 
Des propositions plutôt qu’une vérité pour permettre à chacun d’écrire sa propre histoire avec l’amour.

Je pense à toi, 
ceux qui attendent n’ont pas d’histoire.
Je pense à toi, il faut témoigner.

Note d'intention

Se foutre de se tromper si l’autre accepte de rentrer dans l’erreur lui aussi.

Comment l’esprit tout entier est immanquablement immobilisé par cette pensée. Comment l’autre survient – sans la vie – dans la vie. Comment je suis tout entier dans la pensée pour l’autre. Comment c’est impossible autrement. Comment respirer sans ce souffle-là. Comment détruire. Comment isoler. Comment abîmer. Comment c’est lourd, c’est insupportable, le mal profond, tonique mais blessant, et soudain parfois le paisible soulagement. Comment je pense à toi. Comment ça vit, ça envahit la qualité de ma vie. Je n’ai jamais osé une demande explicite – je n’ai donc pas à espérer de confiance en échange. C’est rien. 

Ça dit encore que celui qui est pensé et celui qui pense sont dans la distance, de fait. C’est difficile, car ce n'est pas facile de ne pas être excessif. Et pourtant trouver, être au bord de pouvoir le dire légitimement. Ça se branche avec cet autre questionnement perturbant : est-ce que je t’aime ? Se foutre de se tromper si l’autre accepte de rentrer dans l’erreur lui aussi. C’est ridiculiser même ce qui est miraculeux ; c’est rester indifférent à ce ridicule-là. Regarder les êtres, leur force. C’est peut-être cela qu’on appelle une considération. Ça veut dire, les yeux sont fermés, qu’on n’est plus libre, il y a déjà eu trop de temps fatigué, il y a déjà eu trop d’avant, on s’est engagés il y a trop longtemps pour avoir maintenant à changer de direction.

Il y a des jours perdus qui ne font pas une pluie et qui ne font pas avancer non plus. La question de la fidélité est une urgence de moins en moins. On est soumis à l’accident en permanence. On ne sait pas. On suppose. On précède. On pense à toi

Frank Smith 

Comment penser à toi

Comment penser à toi. Comment donner vie à un texte si personnel et si universel à la fois. Comment rendre compte de la multitude des sentiments qui lient un aimant à l'être aimé. Comment traduire ce désir, cette tendresse, cette violence. Comment placer le mot dans cette détresse, à mi-chemin entre l'aveu et la protection. Comment rester objectif et distant face à un texte qui met en place tout un imaginaire, et qui vient chercher dans nos bonheurs et nos douleurs, sa matière première.

Comment montrer l'envahissement magnifique de l'autre dans notre quotidien.

Comment faire naître l'humanité d'un individu qui s'interroge, en détruisant ce pour quoi il n'a pas d'explication.

Un chant d'amour à trois voix

 Un poème de 300 vers. Un monologue intérieur qui ne s’arrête jamais, qui va jusqu’à l’épuisement. Et même le livre fermé, les mots continuent leur cheminement doux et violent à l'intérieur du lecteur. 

A t’il visé juste ? Soulevé les questions sans réponses ? Nommé les craintes et les rêves ? Est-il une réalité ou un fantasme ?

Identifier le sentiment amoureux est une quête impossible. Et pourtant Je pense à toi y parvient. Pas dans ses lignes, mais dans ce qu’il déclenche chez le spectateur. Des propositions à saisir, ou non. Et c’est le spectateur qui finalement écrit, avec les mots de Je pense à toi, sa propre histoire.

Qu'est ce qui nous lie à l'autre ? Un sentiment unique ? Une superposition de désirs et de douleurs, de manques, de fantômes dont on n'arrive pas à se séparer, qui trouvent peut-être, dans le sentiment amoureux une marche vers la paix ?

 C'est ainsi que sont nés Er, Sie et Es. Trois fantômes en quête de paix. Trois fantômes qui forment un seul être. Je pense à toi ne serait donc pas un monologue, mais un chant d'amour à trois voix ?

Un espace scénique dédié aux sens

Progressivement, Je pense à toi s'est éloigné de plus en plus du théâtre pour devenir une matière sensorielle. Je ne mettais plus en scène des personnages mais des sentiments. Une matière émotionnelle à laquelle les comédiens prêtaient leur corps et leur voix. La musique comme le décor devaient être de la même veine. Ils ne devaient pas représenter, mais sensibiliser, aiguiser, ouvrir l’imagination.

 

Un espace sombre, où les murs, le plafond et le sol se confondent. D’immenses troncs d'arbres suspendus, auxquels on a coupé les racines, la force, le pouvoir de se régénérer. 

Des comédiens vêtus de longues robes noires qui les lient étrangement à la matière qui les a fait naître.

Un bassin qui recouvre l’ensemble de la scène, qui devient miroir et brouille tous les repères.

Seul le reflet de l'eau peut être perçu comme la seule matière solide, étrangement, dans laquelle les comédiens évoluent. Elle dessine des cicatrices de lumière sur les corps. 

Des comédiens prisonniers de cet espace sans forme qui absorbe tout.

Des sons naissent, d'abord celui de la pluie qui inonde progressivement la scène, puis d'autres sons. Des sons organiques créant l’impression étrange d’être à l’intérieur d’un corps humain.

Et, doucement, la lumière tente de percer cette matière. Mais elle jaillit sans se poser, elle est engloutie et ne parvient pas à s'attacher.

En fond de scène, une image animée, comme une fenêtre vers l’extérieur, qui tente de marquer le temps. Souvent discrète, et parfois envahissante. Un écho aléatoire qui rentre en communication avec les personnages. Une image qui tente de délimiter l’espace, de choisir l’angle de vue, de mettre en lumière sans vraiment y parvenir.

Un texte universel et magnifique, un espace scénique dédié aux sens, aux perceptions, comme autant de propositions pour permettre à chaque spectateur d’écrire sa propre histoire avec l’amour.
Fabian Chappuis

Distribution

Françoise Barbedor Sie

Jean-Patrick Gauthier ou Nils Öhlund Er

Stéphane Douret ou Benjamin Penamaria Es

 

Production Compagnie Orten, avec le soutien du Théâtre 13, de la Spédidam, du Théâtre du Grenier de Bougival, de l’ANPE Spectacles de Saint Germain en Laye, de la Compagnie Influence, de l'Espace Beaujon, de la Ménagerie de Verre. Remerciements à Bertand Fara.

En partenariat avec le Magazine Littéraire, Têtu, Radio Nova, A nous Paris, Paris Première, Fip et la Fnac

Équipe artistique

Adaptation, scénographie & mise en scène Fabian Chappuis
Assistant à la mise en scène Zineb Mounaji et Frédéric Gasnier
Création sonore (en direct) Pierre Husson

Création vidéo (en direct) Bastien Capela

Lumières Florent Barnaud
Complicité chorégraphie Serge Ricci & Daniel Larrieu
Peintures arbres Jacqueline Aumoite
Construction décor Yvan Legal & Fabian Chappuis
Moyens techniques vidéo Fractal Audiovisuel

Exposition Gwenaël Mulsant et Adeline Breton

Texte édité aux Éditions Les Cygnes – collection Les Inédits du Théâtre 13.

Extraits de la revue de presse

Pas d'extraits - la presse ne fut pas tendre du tout avec nous, mais alors pas du tout ! Donc, pour plus de poésie, nous préférons mettre quelques extraits du texte...

Ces extraits ont été imprimés sur des cartes postales, disponibles avant et après le spectacle.



Je pense à toi, ceux qui attendent n’ont pas d’histoire

 

Je pense à toi, il faut témoigner

 

Je pense à toi, je dis ton prénom tout bas, je dis ton prénom tout bas, je dis ton prénom tout bas…

 

Je pense à toi, pardon pour le dérangement occasionné

Je pense à toi, tout abus sera punis

Je pense à toi, je suis déjà chez toi

 

Je pense à toi, une poignante dégradation d’amour

 

Je pense à toi, comme si de rien n’était

Je pense à toi, je me raccroche à ce qu’il y a de plus fragile en moi

Je pense à toi, je n’y arrive pas – il y a des gens à côté qui parlent une langue étrangère

 

Je pense à toi, à tout ce qu’il a fallu que je perde pour que tu existes

 

Je pense à toi, tu ne t’en vas pas, tu es là

 

Je pense à toi, et pourtant je suis à côté de toi

 

Je pense à toi, je me souviens des rêves qu’avec toi je n’ai pas vécus

 

Je pense à toi, c’est tout

 

Je pense à toi, ce que je peux le mieux au monde

 

Je pense à toi, répond oui ou non

 

Je pense à toi, je vais par monts et par merveilles


Je pense à toi, je ne te connais pas, je ne t’épuise pas

 

Je pense à toi, j’accède où les linéaments sont tremblés et tendres

 


Je pense à toi, ça ne prouve rien


Je pense à toi, tu dois bien être là si je pense à toi

 

Je pense à toi, tout le monde le sait

 

Je pense à toi, encore retenu, croyant être délivré

 

Je pense à toi, ça remplit sans ombres tout l’univers où j’évolue

 

Je pense à toi, et je viens de passer deux heures, paupières fermées, la tête entre les mains, à essayer de me rappeler l’odeur de ton sexe

 

Je pense à toi, pour combien de temps encore ?

 

Je pense à toi, pas de réponse, toujours pas de réponse

 

Je pense à toi, et pourtant aucun geste n’est esquissé, aucune parole n’est entendue, rien de visible ne se produit

 

Je pense à toi, je ne veux plus

 

Je pense à toi, jusqu’à demain

Quelques dates

Mars 2000 : Création au Théâtre du Grenier de Bougival
16-21 mai 2000 : Reprise au Théâtre des Songes / Paris

Juin 2002 : Festival Les Scènes d'été du 13 / Théâtre 13
27 avril - 6 juin 2004 : reprise Théâtre 13