Un huis clos grinçant, violent et sensuel entre deux frères et une ancienne danseuse de bar, au cours duquel les trois personnages poseront, malgré-eux, les premières pierres d'un paradis terrestre
Photos Laurent Morteau
Résumé
Un jeune homme malade épouse au cours d'une émission de télévision une ancienne danseuse de music- hall à la recherche d'une respectabilité. Le couple rejoint le domaine familial au moment où le Mississippi est en train d'inonder la région.
.
A peine sont-ils arrivés, que le jeune homme révèle à sa femme I'existance de son demi-frère qui règne sur la maison.
La femme deviendra le jouet du désir et de la haine entre les deux frères...
Note d'intention
Étouffés par une société conservatrice et puritaine, les personnages de Tennessee Williams entretiennent un décalage profond entre la violence et la cruauté de leurs attitudes, et la beauté et la noblesse de leurs sentiments. C'est pourquoi Paradis sur terre est une pièce à la fois réaliste et aussi empreinte d'une très grande poésie. Les instincts fondamentaux que libèrent les trois personnages deviennent un champ émotionnel très fort, que j'ai choisi de servir en mêlant au théâtre, la danse, la musique et le cinéma.
Si le mot au théâtre véhicule une beauté qui, analysée par l'intelligence du spectateur, devient émotion, la danse, la musique et l'image font appel à une sensibilité plus fondamentale, qui échappe à tout contrôle. Elle se glisse presque inconsciemment entre les mots, pour les soutenir, les renforcer, les aiguiser.
Bien qu'inspiré par la société américaine de l'après-guerre, Tennessee Williams est présenté comme "le freudien, l'homme de la nostalgie et du rêve, qui s'adresse à l'imaginaire collectif par le biais des images et des mythes", et est aujourd'hui encore d'une modernité étonnante. Le malaise de ses personnages n'est pas tellement différent de celui de notre époque. Son théâtre est un théâtre de transition entre un monde essoufflé et un monde en construction, entre des valeurs usées et trop modernes.
Avec Paradis sur terre, Tennessee Williams invite à vivre et à accepter ce que nous sommes et ce que nous ressentons.
Des hommes et des femmes qui se désirent et se haïssent
Le monde de Tennessee Williams met en scène des hommes et des femmes qui se désirent et se haïssent, parfois sans le savoir, toujours sans le vouloir, et s'entre-déchirent dans une atmosphère élégante et tragique où, sous une apparence de raffinement, rôde la sauvagerie.
Des "marginaux" de la passion et de l'imagination
Williams enferme ensemble ces solitudes inconciliables et cherche à faire jaillir d'une situation d'attente, ou de crise, l'éclair d'une révélation. Ce moment de vérité fait apparaître, sous une surface policée, les grands archétypes de l'humanité.
L'auteur met en scène non pas des exclus de la société, mais des marginaux de la passion et de l'imagination, qui refusent le monde tel qu'il est : artistes, obsédés sexuels, fous, infirmes, étrangers, pour lesquels il déclenche notre sympathie en nous associant à la menace qui pèse sur eux.
Quelque chose de juste sur Ie drame essentiel de la vie quotidienne
Par-delà le bizarre et le baroque de ses excès, Williams parvient, à travers des être anorimaux qui se
trouvent dans des situations extraordinaires, à nous émouvoir en nous montrant quelque chose de juste
sur le drame essentiel de la vie quotidienne. En nous invitant à l'indulgence, voire à la complicité pour ces
obsédés ou ces délirants, il dénonce l'inhumanité d'une civilisation où tout ce qui n'est pas conforme est condamné.
La qualité indicible de chaque homme
La crudité et le réalisme de l'auteur ont souvent frappé le public, mais cela n'est qu'un aspect superficiel de son oeuvre. Le sens mystérieux de l'existence de ses personnages auxquels il confère une indéniable noblesse, l'intéresse bien d'avantage que leur comportement trivial ou leur langage parfois primaire.
Son sujet véritable est la qualité indicible de chaque homme, ce quelque chose qui lie les êtres entre eux
et au reste du monde. Chaque homme est marqué par un sentiment d'incomplétude et un désir diffus de
résurrection. L'imagination, le rêve, les aspirations artistiques, religieuses, sexuelles sont autant de
masques que I'Homme fabrique pour dissimuler aux yeux des autres ce qu'il a d'inachevé et de douloureux en lui.
Fabian Chappuis
Distribution
Marc Diabira Poulet
Laurent Morteau Lot
Colette Nucci Muguette
Les danseurs Stéphane Ripon, Audrey Smail et Sylvie Felip
Les musiciens Nasser Baba, Jacques Gaullier et Laurent Miché
Production Compagnie du Théâtre de l'Alidade, avec le soutien de La Ville de Bougival, du Syndicat d'Initiatives de Bougival, de Griffine Industries. Présenté en partenariat avec Toutes les Nouvelles, édition de Versailles, YFM 88.4 et Yvelines Première
Équipe artistique
Texte français de Matthieu Galey
Mise en scène et scénographie Fabian Chappuis
Collaboration à la mise en scène Yves Llobregat
Chorégraphie Compagnie du Fou de Bassan
Réalisation court métrage Olivier Velut
Musique Les Percussionnistes
Costumes Marivonne Coulm
Régie David Ripon / Stéphane Vaillant
Crédit photographiques affiche Jean Loup Sieff et Jorge Léon (photo extraite du spectacle Puccinella chorégraphié par Michelle Anne de Mey
Quelques dates
20 février - 2 mars 1997 : Création au Théâtre du Grenier de Bougival
9-25 mai 1997 : Reprise au Théâtre du Grenier de Bougival