Une lune pour les déshérités

Texte Eugène O'Neill

Lorsque la détresse devient désespoir, lorsque la douleur et la honte de vivre deviennent autodestructrices, lorsque la solitude rend impossible la communication avec les autres, lorsque les individus semblent avoir perdu le courage d'aimer, alors naissent les déshérités.
Et pourtant, dans cet univers sombres, parmi ces créatures fragiles, une mystérieuse lumière va réussir à s'infiltrer.
Entre illusion et réalité, entre comédie et tragédie, Eugene O'Neill rend un magnifique hommage au pouvoir régénérateur et rédempteur de l'amour.

Photos Laurent Morteau & Fabian Chappuis

Résumé

1923, une ferme isolée dans le nord des Etats-Unis. Un homme se suicide à l'alcool. Avant de partir, il vient chercher la paix dans les bras de la seule femme qu'il ait 

aimée.

Une Lune pour les déshérités, est une pièce d'automne qui regarde vers la mort sans peur et sans amertume. Considérée comme l'épilogue de Le marchand de glace est passé et Long voyage du jour à la nuit, O'Neill achève avec cette pièce le portrait de son propre frère Jamie, à qui il écrit son pardon et son amour, comme si l'écrivain avait lui même définitivement trouvé la paix avec les fantômes de son passé.

Une Lune pour les déshérités sera sa dernière pièce sans qu'il le sache tout de suite. Atteint de la maladie de Parkinson, sa main tremblante ne pouvait plus écrire' comme si elle répondait inconsciemment aux impulsions de son esprit. Incapable d'écrire, il n'était déjà plus vivant et mourra officiellement dix ans plus tard.

Note d'intention

La mort selon O'Neill
La mort de l'âme est omniprésente dans cette pièce, plus que la mort physique. Pour O'Neill. la seule réele absence de vie se trouve dans l'incapacité des hommes à communiquer avec ceux qu'ils aiment, à exprimer ce qu"ils ressentent 

Trop fiers, trop seuls, au-delà de tout espoir, trop détruits et peut-être pas assez courageux, les personnages d'O'Neill tentent de tromper les autres pour mieux se tromper eux-mêmes. A ne jamais savoir quelles sont les intentions des autres, on finit par ne plus savoir quelles sont les siennes.

La comédie commee langage de l'illusion 

Au commencement de leur voyage initiatique, les déshérités d'O'Neill s'isolent dans leurs propres émotions et contradictions. Chacun porte sur lui un masque d'illusions et de mensonges pour interdire aux autres l'accès à leurs propres douleurs. S'installe alors une intrigue comique auto-dérisoire et grotesque, absurde et délicieuse. Au cours d'un jeu dont les règles sont connues de tous, les personnages se livrent à une bataille de mots et de moqueries irrésistibles. O'Neill y développe ses talents d'auteur comique, où sous chaque réplique éclate l'humour. 

Et pourtant. sous les rires 

Mais les mots hésitent, les voix tremblent, les regards trahissent, les masques s'effritent et la tragédie s'installe, douloureuse, violente, incontrôlable, sournoise et magnifique.
Des êtres au-delà de tout espoir, dont la honte et la douleur de vivre sont devenues autodestructrices, incapables de communiquer, incapables de donner leur amour s'enqagent dans une quête de paix avec eux-mêmes et avec les autres. 

La nature même de ce qui lie les êtres entre eux 

Et pourtant, dans cet univers sombre, parmi ces créatures fragiles, écorchées à vif, une mystérieuse lumière va réussir à filtrer.
Les déshérités vont apprendre à communiquer pour exister. Même sans rien pour les aider à vivre, il leur est finalement possible d'appartenir les uns aux autres, pour former une société de damnés dont la communauté des rêves est la seule chaleur. 

Opposer les rêves à la révélation de soi apporte non seulement une conscience de soi, mais aussi une conscience de l'amour. Au delà de leurs désirs personnels et de leur monstruosité ils vont être capables d'offrir aux autres un amour différent et généreux. C'est grâce à ceux qu'ils aiment que les déshérités vont avoir la possibilité de renaître, même si ce n'est que pour quelques instants. 

Avec Une lune pour les déshérités, Eugene O'Neill touche à la nature même de ce qui lie les êtres entre eux. Il rend un magnifique hommage à l'Homme, et au pouvoir régénérateur et rédempteur de l'amour. Les personnages grotesques et superbes de l'une des pièces les plus inhabituelles du théâtre laissent derrière eux une formidable volonté de vie. 
Fabian Chappuis

Distribution

Françoise Barbedor Josie Hogan
Bruno Constantin James Tyrone
Bernard Garnier Phil Hogan
Yves Chambert-Loir T. Stedman Harder
Miguel Olivares Mike Hogan

et les musiciens Jean Garcia accordéon, Pierre Delbes contrebasse,  Benjamin Penamaria guitare et Fabian Chappuis chant

Production Compagnie Théâtre de l'Alidade, coréalisation Le Grenier de Bougival. Présenté en collaboration avec La Ville de Bougival, la RATP (centre bus de Nanterre), Yvelines Première et Toutes les Nouvelles / Versailles 

Équipe artistique

Texte français de J.Autrusseau et M.Goldring
L'Arche est éditeur et agent théâtral du texte.
Mise en scène & scénographie Fabian Chappuis 

Collaboration à la mise en scène Colette Nucci
Peintures Jacqueline Aumoite
Musique Benjamin Penamaria et Nick Cave (avec l'aimable autorisation de Mute Records Ltd et Delabel pour la France)
Régie Léandre Garcia Lamolla 


Matériaux décor Entreprise BEYNEL
Transport Sea Route Ferry LTD
Tissus Griffine Induction SA 

Quelques dates

14-22 mars 1998 : Théâtre du Grenier de Bougival